Depuis 2018, les premiers modèles pliables fonctionnels ont vu le jour. Comme son nom l’indique, le téléphone pliable est conçu pour adopter plusieurs formes, grâce à des écrans souples.
Le but est d’alterner entre grand écran et format compact pour tenir dans toutes les poches. Passer de téléphone intelligent à petite tablette tactile, voilà l’ambition qui semble transparaître chez les constructeurs. Dès lors, comment ne pas se réjouir de s’arroger le beurre et l’argent du beurre ? Toutefois, des objections viennent freiner ce premier élan d’enthousiasme : quel prix ? Quelle solidité ? Quelles concessions sur le plan des performances techniques ?
Faisons le point sur ce que valent aujourd’hui ces flagships expérimentaux : quel avenir est à envisager pour ces appareils qui, littéralement, se plieront en 4 pour vous ? Petite virée funambulesque entre prudence et excitation…
En réalité, le concept n’est pas si neuf. En 2005, des prototypes d’appareils tentaient déjà d’innover sur la conception des écrans. L’idée est simple : s’affranchir de leur rigidité ouvrirait la porte à de nouveaux formats. Or, l’on sait combien multiplier les types d’utilisation sur un seul appareil s’inscrit dans l’ADN du téléphone intelligent. En 2008, Nokia essayait donc d’imaginer un appareil flexible, un smartphone convertible en tablette et vice-versa. Ce n’est que 10 ans plus tard que Royole ouvre la marche en commercialisant un appareil mobile de 7,8 pouces, dont l’écran OLED lui permet de se replier vers l’extérieur. À partir de 2019, d’autres marques font fleurir précautionneusement leur propre prototype. Si beaucoup restent timides quant à leur déploiement sur les marchés (Oppo, TCL, etc.), certaines enseignes se sont progressivement jetées à l’eau, comme Samsung, Motorola ou encore Huawei.
Déjà 2021, et toujours pas de téléphone pliable dans votre poche ? Étrange pour un secteur dont le développement est demeuré très constant ces dernières années ! Qu’est-ce qui coince ? À en juger par les tests et par les échos des industriels, ce sont les écrans eux-mêmes qui sont à l’origine de tous les blocages.
OLED (Organic Light-Emitting Diod) désigne une technologie consistant à superposer plusieurs couches organiques, dont une transparente, entre deux électrodes. Les pixels s’illuminent lorsque le courant passe. L’AMOLED associe cette technique à une matrice active pour une meilleure résolution d’écran. Cette méthode d’affichage des pixels détient le mérite de permettre la confection d’écrans souples, pour des TV incurvées et des smartphones pliables ! Mais bien sûr, plus on prévoit de manipulations sur une dalle d’affichage censée changer de forme, plus on met la stabilité de ses composants à l’épreuve.
Il s’agit donc de trouver des astuces pour associer robustesse et flexibilité sans perdre en qualité d’image. Industriellement, c’est ce qui coûterait le plus cher, faisant crever tous les plafonds au prix total de fabrication. En conséquence, certaines fonctionnalités ont été légèrement revues à la baisse. Par exemple, les capteurs d’appareil photo correspondent généralement à des modèles traditionnels datant de 2019, et la résolution d’image n’est pas au max de ce que l’on sait faire.
En effet, les techniciens ont de quoi être fiers : la gageure est brillamment relevée. Qu’il s’agisse de lamelles de verre, d’un matériau plastique ou les deux, les écrans digitaux fonctionnent superbement, avec une résolution full HD+. La réponse tactile est impeccable, et visuellement la pliure ne dérange jamais, même lorsqu’elle est visible. Cependant, pour les modèles testés jusqu’à présent, l’on a détecté une certaine fragilité. Très faible degré d’étanchéité, formation de bulles, risques accrus de brisure, durabilité questionnée ; des itérations ont été lancées dans la foulée des retours utilisateurs. Si l’on ne doute pas que la meilleure formule sera trouvée d’ici peu, l’on peut légitimement se demander si le rapport qualité/prix est intéressant, même après avoir procédé à des ajustements. Voici donc 3 raisons de vous lancer dans un achat si tentant, et pourtant onéreux jusqu’à la fantaisie.
Oui… et non ! Ou du moins, ça dépend. Il serait plus juste de dire que les smartphones pliables visent à une grande flexibilité d’utilisation. En premier lieu, on peut distinguer trois types d’écrans pliables, qu’illustre cette capture d’écran de l’excellente vidéo de PP World à ce sujet.
On le remarque d’emblée : ces trois types de pliure correspondent à des formats assez différents. Bien sûr, pour les nostalgiques des premiers Nokia et de la Game Boy Advance SP, vous avez la pliure de bas en haut. Cette première version des téléphones pliables mise sur la compacité permise par la pliure. Certes, une fois déployée, la dalle mesure pas moins de 6,7 pouces pour le modèle ci-dessus, connu sous le nom de Galaxy Z Flip. C’est un peu plus grand que le 6,2 pouces de son concurrent direct Motorola, mais pas au niveau des 7,6 pouces du Galaxy Fold (à droite) et des 8 pouces du Huawei Mate.
Beaucoup de gens se sentent attirés par le Galaxy Z Flip, dont la troisième version sort d’ici peu. Le Motorola Razer, son principal rival en haut à gauche, présentait des performances trop justes pour lui tenir tête. Certes, son écran externe était plus grand que le petit afficheur de notifications du Galaxy Z Flip, mais c’était là son seul avantage. Quoi qu’il en soit, la pliure rigide permet d’ouvrir l’écran à n’importe quel angle. Quand il est refermé, il devient très facile à glisser dans n’importe quelle poche, que ce soit dans un jean ou un sac à main. Enfin ses utilisateurs apprécient son design permettant les manipulations à une seule main, plus compliquée avec les autres formats. Attention cependant à l’ouverture un peu résistante…
Avec des dalles aussi immenses, l’on peut être pris(e) de vertiges ! Ce qui est très appréciable avec ces deux types de modèles, c’est qu’ils intègrent une version écran simple, chacun à sa manière. La pliure externe, à droite, fait passer l’image sur un seul écran, tandis que la pliure interne (façon livre), à gauche, embarque une troisième dalle au verso. Dans tous les cas, le potentiel visuel est tout bonnement faramineux : vidéos, photos, jeux vidéos, etc. Il suffirait presque d’y connecter une manette ou une souris, et vous avez une télévision nomade qui tient dans la poche. On regrette encore que la plupart des applications soient en retard pour adapter leur interface à ces formats d’écran. En effet, il arrive que l’espace soit mal rempli, mais ce n’est qu’une question de temps avant que la partie software se mette à jour…
Bien sûr, pour des prix pouvant grimper jusqu’à près de 2500 €, comme le Huawei Mate XS à ses débuts, il faut bien que la fiche technique soit bétonnée. Et dans l’ensemble, c’est le cas. À titre d’exemple, les modèles de Samsung, à savoir les Galaxy Z Flip et Galaxy Z Fold, présentent respectivement 8 et 12 Go de RAM et 256 Go de stockage, utilisent les processeurs Snapdragon 855+ et 865+, admettent, le Bluetooth 5.0 et le NFC. De plus, tout comme l’excellent Huawei Mate XS, ils sont même compatibles avec la 5G (un avantage en soi, bien que le lancement de ce réseau soit évidemment controversé). En outre, leurs batteries de 3300 mAh (Z Flip) et 4500 mAh (Z Fold) tiennent la journée.
Il n’y a guère que sur les appareils photo que l’on constate une baisse de régime, avec 3 capteurs de 12 Mpx pour le Z Flip et 5 capteurs (3 x 12 Mpx et 2 x 10 Mpx) pour le Z Fold. En effet, le récent Galaxy S21+, par exemple, embarque une caméra de 64 Mpx. Rien de dramatique : et il se peut que l’enseigne rattrape vite son retard, puisqu’elle a déjà montré son souci d’itérer en proposant pas moins de deux versions de chaque modèle. D’ailleurs, une troisième version risque de voir le jour d’ici peu. Quoi qu’il en soit, plus vite le téléphone pliable rencontrera son public, plus cela encouragera les innovations.
Eh oui, finalement, aussi fabuleux soient-ils, les smartphones pliables exigent, pour être rentables, des conditions d’usage à ne pas négliger. D’un côté, ce type de produit est validé : plus que fonctionnel, le téléphone pliable sublime l’expérience utilisateur malgré de légers défauts, inhabituels, mais en phase d’être revus. De l’autre, il y a des prix dépassant largement les 1000, voire 2000 €. Ainsi, un utilisateur tirera profit de ce genre d’appareil ultra haut de gamme si, et seulement si :